- jérémiade
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• fin XVIIe; du lat. Jeremias « Jérémie », prophète célèbre par ses lamentations♦ Fam. Plainte sans fin qui importune. ⇒ doléance, lamentation, plainte. Cesse tes jérémiades. « Je suis écœuré de tes jérémiades » (Duhamel).Synonymes :- doléances- gémissement- plaintejérémiaden. f. Fam. (Le plus souvent au Plur.) Lamentation continuelle et inopportune.⇒JÉRÉMIADE, subst. fém.Gén. au plur. Plainte, lamentation, récrimination sans fin et qui importune. Jérémiades continuelles, sans fin, à n'en plus finir; ennuyer qqn de/avec ses jérémiades; cesser ses jérémiades. Le morose Popelin parle sur une note cabotinement pleurarde « des chagrins qu'on ne lui a pas épargnés et dont il est profondément malade », puis interrompt sa jérémiade pour proclamer sans pudeur qu'il était très beau (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1235). Elle ne s'apitoyait pas sur les jérémiades de son mari; elle le secouait rudement (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 236) :• Le père Jacques n'eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et de protestation que les pleurs et les jérémiades des deux concierges recommencèrent. Je n'ai jamais vu de prévenus aussi larmoyants. J'en étais profondément dégoûté. Même en admettant leur innocence, je ne comprenais pas que deux êtres pussent à ce point manquer de caractère devant le malheur.G. LEROUX, Mystère ch. jaune, 1907, p. 56.— [Constr. avec un compl. prép. sur] Des jérémiades sur son sort. Deux grandes heures de bavardage insipide et de grandes jérémiades sur la méchanceté des hommes (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 136). Des jérémiades sur la crise qui ralentissait les affaires (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 294).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1738 (VOLTAIRE, L'enfant prodigue, I, 1, p. 7); av. 1743 (Trév. qui cite l'abbé de Choisi, s. réf.). Dér., au moyen du suff. -ade, du nom du prophète Jérémie, aut. du livre des Lamentations sur les malheurs de Jérusalem. Cf. la loc. faire le Jérémie « se lamenter » (1648, SCARRON, Virgile I, 72a ds RICHARDSON). Fréq. abs. littér. : 63.
DÉR. Jérémiader, jérémier, verbe. Faire des jérémiades. Se lamentant sur ce que les critiques sont traités d'impuissants (...), jérémiant à perte de vue là-dessus et triste au fond de ce métier (GONCOURT, Journal, 1857, p. 376). Je voulais pas m'enfoirer avec des soupirs à la con! (...) je venais pas pour être consolé!... ni pour jérémiader en somme... Je venais simplement dire « au revoir » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 565). — [], (il) jérémiade [
]; [
], (il) jérémie [
]. — 1res attest. a) 1842 jérémiader (RICHARD), b) 1857 jérémier (GONCOURT, loc. cit.); a) de jérémiade, dés. -er, b) de Jérémie (v. jérémiade), dés. -er.
BBG. — QUEM. DDL t. 7 (s.v. jérémiader).jérémiade [ʒeʀemjad] n. f.ÉTYM. V. 1738, Voltaire, antérieur (abbé de Choisi, in Trévoux); du lat. Jeremias « Jérémie », prophète célèbre par ses lamentations.❖♦ Fam. Plainte sans fin qui importune. ⇒ Doléance, gémissement, lamentation, plainte, regret. || Il est excédé par ses récriminations et ses jérémiades (→ Désaccord, cit. 3). || Nous ne sommes pas ici pour entendre vos jérémiades. || Des jérémiades sans fin sur ses ennuis, à propos de la crise, de la hausse des prix.1 Tu ne vas pas pleurnicher. Je suis écœuré de tes jérémiades.G. Duhamel, Salavin, III, XXVI.♦ Collectif. || Aimer la jérémiade.2 J'ai envie de m'adonner à la jérémiade. Je trouve injuste que la guerre s'adjuge ma jeunesse. Benoîte a commencé à vivre, elle. Moi, j'en ai marre d'être « avant », spectatrice de la vie des autres, à la fois servante de Molière et confidente de Racine. Quand donc rentrerai-je dans le vif du sujet ?Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains, p. 21.❖DÉR. Jérémiader.
Encyclopédie Universelle. 2012.